Le , par Élie Sloïm - Accessibilité
Avertissement : cet article a été publié en 2006. Son contenu n'est peut-être plus d'actualité.
Malgré un emploi du temps extrêmement chargé, je dois quand même prendre quelques minutes pour revenir sur les deux jours passés à Limoges, ne serait-ce que pour vous mettre à disposition les slides de la conférence") que j’ai donnée vendredi 3 février. Donc, me voilà de retour du WIF. Que ce soit sur le plan amical ou professionnel, j’attendais beaucoup de cette manifestation, et je n’ai pas été déçu.
Pour commencer, et sans trop m’appesantir sur le côté “on est tout des supers copains” et “Internet c’est très chouette”, j’ai enfin pu rencontrer plusieurs personnes avec lesquelles j’avais jusque alors seulement pu échanger par mail. Amélie, Raphaël, Dew, Fred, et encore bien d’autres. J’ai également profité de la manifestation pour discuter longuement avec plusieurs personnes de la société Groupe-Reflect, à commencer par Christophe Routhieau et Carlos Diaz, qui m’ont gentiment prêté un petit bureau pour travailler tranquillement une heure ou deux le jeudi après-midi.
Jeudi soir, après une conférence passionnante de la part de Josha Davis et une excellente soirée VIP avec des équipes de Web designers du monde entier, nous sommes même quelques uns à nous être retrouvés dans ma suite (si si, une suite!) à l’hôtel pour boire une bière avant de nous coucher. De manière générale, j’en profite pour féliciter l’organisation, qui a vraiment été irréprochable de mon point de vue.
Vendredi matin, la rencontre avec Molly Holtzschlag fut également très intéressante ; ça faisait un moment que je n’avais pas parlé anglais, et au bout d’une bonne demi-heure de discussion à bâton rompus, je commençais à me remettre dans le bain (on ne sort pas tout à fait indemne de dix ans d’espagnol intensif ;-).
L’éclat de rire de la journée en ce qui me concerne, et je crois qu’il a été largement partagé par Laurent, s’est justement produit au cours de cette discussion du matin. Quelques minutes avant le début de sa conférence, Molly nous dit : “I have to check the connectivity, cause I’d like to show the Zen garden”. J’ai regardé très sérieusement Molly, et je lui ai demandé : “What is the Zen garden ?”. Il a fallu à Molly au moins deux bonnes secondes de grande solitude pour s’apercevoir que je faisais l’imbécile, et que je connaissais parfaitement le site dont elle parlait. Rien que pour ces deux secondes là, je serais sûrement allé à Limoges en rampant ;-)
Tout à fait sérieusement, Molly a fait une présentation sur l’utilisation de CSS qui n’a certes pas énormément appris aux “déjà” convaincus de l’intérêt de CSS et du respect des standards, mais je pense que pour de nombreux designers plus habitués à travailler en mode “tableaux imbriqués- old school” ou “flash à donf”, ça valait sérieusement le coup de suivre ce genre de démonstration.
La table ronde qui a suivi a été l’occasion pour Tristan de faire preuve une fois de plus son talent de bête de scène, au sens propre comme au sens figuré, puisque sa présentation reposait sur l’évangélisme autour de l’utilisation de Firefox en mode “Dr Jekill” ou en mode “Mr Hyde”.
Guillaume Durand de Grey Interactive a donné un son de cloche particulier sur l’accessibilité et les standards, en insistant notamment la différence entre les différents types de projets. Faut-il respecter les standards et être accessible lorsque l’on développe un site événementiel ou un site de pur marketing ? La réponse n’est pas simple, et je ne peux pas être totalement en désaccord avec lui, car je pense que chaque projet de site mérite qu’on se pose ces questions intelligemment et que l’on fasse des choix éclairés, en connaissance de cause. J’ai tout de même tenu à intervenir pour préciser la notion d’accessibilité universelle par rapport à la notion trop restrictive à mon avis d’accessibilité aux personnes handicapées. Qu’on se le dise une fois pour toutes : l’accessibilité, c’est quelque chose d’intéressant pour tout le monde.
Laurent Denis a proposé par la suite une intervention sur la bonne utilisation de CSS. Nous avions beaucoup échangé ensemble sur la façon de présenter les choses. Laurent a pu présenter avec beaucoup de calme et de pédagogie des éléments pas si simples à comprendre pour un public non averti. Je ne l’avais jamais vu en présentation publique, et je n’ai pas été déçu.
A ce stade de la conférence, Delphine Heslot, de l’organisation m’indiquait discrètement le départ des autobus à 13h30 pétantes, Christophe Routhieau n’avait pas encore pu intervenir sur les éléments qui lui tenaient justement à coeur, et pour ma part, je m’attendais à faire une conférence prévue sur 45 minutes en un peu moins d’une demi-heure. Gloups. Christophe a donc prononcé conjointement la fin de la table ronde et le début de ma conférence. Molly, Tristan, Laurent et Guillaume, assaillis par une nuée de fans en délire ont quitté la salle sous les vivats de la foule (j’exagère un peu, mais bon, c’est pour la postérité…). Bon, ils ont réussi à attirer 50 personnes dehors mais une bonne trentaine est rentrée, ce qui fait que la grande salle était quand même copieusement garnie.
J’en viens donc à ma conférence, menée sur un rythme de dingue (non non, je n’avais rien pris avant de commencer ;-). Il s’agissait de :
- mettre en évidence le passage progressif d’une phase de découverte à une phase d’industrialisation dans le développement de services en ligne
- montrer que cette industrialisation aurait des conséquences majeures sur les métiers du Web design.
- déterminer où l’effort d’évangélisation et de formation devait porter dans les années à venir.
Alors, même si je produirai probablement quelques articles sur le sujet dans les mois à venir, voici quelques conclusions, qui ne vont pas forcément dans le sens du discours dominant en ce moment :
En résumé :
- L’accessibilité et le respect des standards vont contribuer à délimiter plusieurs pôles, à savoir les contenus, la présentation et la technique ;
- Il n’est absolument pas certain que le Web designer de 2010 soir capable à la fois de dessiner des sites, de prévoir des interactions, de connaître les bonnes pratiques et l’ergonomie des IHM tout en ayant par ailleurs le bagage technique en matière d’intégration CSS, de maîtrise des langages XHTML, XML, etc. A mon sens, la rationalisation des processus va donc conduire à la mise en place d’équipes au moins bicéphales : pôle technique et pôle présentation ;
- Les monstres artistico techniques que sont les bons designers CSS en 2006 ne deviendront pas une norme en 2010, tout simplement parce que tous les développeurs n’ont pas de talents graphiques et que tous les Web designers ne sont pas des informaticiens ;
- Pour finir, l’accessibilité et les standards passeront dans les projets Web par l’intermédiaire des Directions informatiques et DSI, des SSII, et du personnel informatique des agences Web. Il se trouve que malheureusement, mon expérience personnelle me montre que c’est dans ces directions que les avantages des standards du Web et de l’accessibilité sont les moins connus des décideurs. Fort heureusement, ces thèmes font leur chemin, mais par le biais des opérationnels.
Voilà, j’ai déjà été bien long, alors ce sera tout pour ce bilan du WIF 2006. Pour ceux qui veulent les télécharger, les slides de ma conférence au WIF") sont disponibles (PDF, 760Ko).
P.S. : Laurent propose sur son blog le téléchargement de son support d’intervention au WIF, “Comment bien exploiter CSS”.