Le , par Élie Sloïm - Accessibilité
Avertissement : cet article a été publié en 2006. Son contenu n'est peut-être plus d'actualité.
Installé à Bordeaux depuis de nombreuses années, je travaille fréquemment à Paris, à je fréquente à ce titre très fréquemment la Gare Montparnasse. Depuis quelques mois, la SNCF déploie des bannières indiquant que Montparnasse est officiellement une gare laboratoire de l’accessibilité.
Pour l’instant, j’ignore totalement ce qui sera fait dans la gare pour améliorer l’accessibilité, mais je pense que nous sommes potentiellement face à un superbe exemple des avantages que peut apporter cette démarche non seulement aux personnes handicapées mais également à tous.
A mon sens, la Gare Montparnasse n’est pas encore exemplaire, loin de là. Lorsque je me promène avec mon ordinateur sur le dos pour des missions à Paris, tout va bien. Mais j’ai également eu l’occasion de tester un déplacement accompagné de deux enfants en bas age, et là, la notion même d’accessibilité aux personnes “en situation de handicap” prend tout son sens. Dans ce genre de situation, vous avez beau être une personne sans déficience cognitive (certes, tout est relatif) ou motrice majeure, vous êtes immédiatement placé en situation de handicap.
Essayez donc de grimper des escaliers, même mécaniques avec un enfant et une poussette, vous allez voir, le point de vue change radicalement. Il y a deux jours, j’ai d’ailleurs eu l’occasion d’aider un jeune couple avec enfants bloqués en bas d’un escalier à porter une poussette en haut de ce même escalier.
Au delà de ces cas spécifiques, je suis presque certain que les aménagements qui seront faits, qu’ils soient sonores, signalétiques, ou encore de rationalisation des modes de circulation verticaux et horizontaux dans la gare, bénéficieront à tous les publics, et pas seulement aux personnes en situation de handicap. J’ai même l’impression que nous sommes en face d’un très bon exemple de l’intérêt de la démarche accessibilité pour tous. L’avenir nous le dira, et je suis assez impatient de voir ce que cela va donner.
Ceci étant dit, je serais assez intéressé de connaître les limites géographiques de la gare laboratoire de l’accessibilité. La SNCF bouge à Montparnasse, c’est formidable, mais quid de la RATP (Régie Autonome des Transports Parisiens). Car lorsque l’on arrive à Montparnasse, l’étape suivante est souvent de prendre le métro, et lorsque l’on veut aller à Montparnasse, c’est souvent grâce au métro. Et c’est là que ça se gâte. Un trajet banal peut rapidement devenir un chemin de croix. Ce serait un peu long à vous expliquer, aussi, je vous propose un atelier :
- Prenez une charge de 20 kilos environ (enfant, sac à dos, valise, enclume si vous êtes fou, sac de pierres si vous êtes militaire);
- Placez-vous au bout du quai N°1, face à la voiture 20 du TGV, TGV lui-même généralement numéroté de 1 à 20.
- Votre mission, si vous l’acceptez, sera de vous rendre à la station Chatelet par la ligne 4 et de prendre la ligne 11 vers Pyrénées (juste parce que je suis un pervers à tendance sadique).
- A vos marques ! prêt ! partez!
- Ah oui, j’oubliais. Bonne chance.
Vous avez en effet devant vous quelque chose comme dix escaliers mécaniques, un bon gros paquet d’escaliers pas mécaniques, des portillons vicieux et étroits à passer, des embranchements à ne pas rater, des trottoirs roulants peu rapides et des trottoirs roulants très rapides qui ne marchent pas, et sans doute quelque chose comme deux kilomètres de marche avant de vous retrouver serré comme une sardine dans une rame de métro bondée.
Je noircis le tableau? A vous de me dire (si vous survivez ;-)