Le , par Mickael H - Accessibilité
Avertissement : cet article a été publié en 2009. Son contenu n'est peut-être plus d'actualité.
Jeudi 8 mai, j’ai assisté à la 1ère Journée de l’Accessibilité Numérique organisée dans la commune la plus australe de France : Saint-Joseph (Île de la Réunion). Voici un résumé des différentes interventions et mes impressions sur cette journée d’échanges.
Cette journée de communication autour des enjeux de l’accessibilité numérique s’est déroulée en deux parties (voir le programme de la journée) :
- une matinée autour des enjeux de l’accessibilité pour la ville de Saint-Joseph et la mise en accessibilité du site internet de la ville.
- une après-midi en visio-conférence depuis Paris et Toulouse illustrant des initiatives portant l’accessibilité numérique en terme de marketing et d’outils.
D’un point de vue général, la journée s’est bien déroulée, les sujets abordés étaient intéressants (étant donné mon profil, j’ai évidemment plus accroché aux sujets techniques).
Allocutions d’ouverture.
Notons pour commencer la présence officielle d’un représentant de la mairie, d’un représentant du CCAS de Saint-Joseph, et d’un conseiller général. Cela résume assez bien les porteurs du projet (Mairie, CCAS, Conseil Général) et leur implication dans le projet. Ces 3 intervenants ont su poser le tableau :
- Saint-Joseph a un caractère très spécial avec un paradoxe ruralité/modernité très marqué : de nombreux écarts (les hauts) difficilement accessibles mais une population jeune et dynamique.
- Saint-Joseph est l’une des premières villes des DOM (3 actuellement) a avoir reçu un label “Ville Internet - @@” en 2008
- La définition de personne handicapée a parfaitement été posée dès les premiers mots de cette journée, avec l’illustration parfaite par le caractère géographique particulier de la ville qui rendent les déplacements parfois délicats, l’accès au haut débit compliqué. Le handicap ne doit pas se réduire à des déficiences physiques ou mentales, il s’étend dans de nombreux domaines : l’environnement social, matériel, géographique, …
- La loi pour l’égalité des chances de 2005 place les administrations et collectivités en première ligne, mais Saint-Joseph n’a pas attendu l’obligation (le décret d’application en attente depuis 4 ans) pour démarrer la démarche.
- Le numérique pour les communes où les administrés sont “éparpillés” est une nécessité, c’est la clé du désenclavement. Et rendre accessibles les outils de communication numérique contribue à l’intégration sociale de tous.
J’ai résumé là les interventions de messieurs Jonathan Suzanne (Conseiller municipal chargé du développement numérique), Axel Vienne (Vice-Président Conseil Général) et Harry Mussard (Vice-président du CCAS).
Action sociale et accessibilité
Corinne GAZAR - Directrice du CCAS de Saint-Joseph
Le Centre Communal d’Action Sociale (CCAS) de la ville de Saint-Joseph s’est associé avec volonté et ambition sur le projet de mise en accessibilité du site internet de la ville. Cet établissement public administratif est au cœur de l’action contre le handicap avec près de 10% de la population de Saint-Joseph ayant droit à des aides au handicap.
Les outils numériques de communication permettront à terme de lutter plus efficacement contre toute sorte de handicap à condition qu’ils soient accessibles.
Accessibilité Numérique : Les clés pour mieux comprendre
Pierre Reynaud - Cécibase/Conseil Général - Expert Accessiweb
Catherine Guidet - Expert Accessiweb
Pierre Reynaud et Catherine Guidet sont a priori les deux seuls experts Accessiweb en fonction à l’île de la Réunion.
Ils ont su parfaitement poser les enjeux de l’accessibilité, les coûts (formation, conseil, développement, audits) et les bénéfices (référencement, optimisations, augmentation de la cible, réutilisabilité du code, normalisation, avantages concurrentiels).
Deux concepts/anecdotes qui m’ont marqué :
- P. Reynaud a mis en évidence le fait que le cliché du web qui “abolit les distances” est faussé par la difficulté à connecter au réseau les endroits enclavés, notamment en haut et très haut débit. Il est vrai qu’un habitant d’un écart enclavé des hauts de Saint-Joseph aurait en théorie beaucoup plus l’utilité de la fibre optique et de ses avantages qu’un parisien qui finalement, a tous les services à portée de main. C’est le paradoxe entre la facilité de mise en service d’un outil et les besoins des utilisateurs.
- C. Guidet a introduit le terme d’illectronisme dans sa présentation. Il est vrai que face aux outils de communications modernes, l’illettrisme est un frein mais il est combattu et pris en considération. C’est plus l’illectronisme, c’est à dire le fait de ne pas savoir utiliser les nouveaux outils de communication (ordinateur, téléphones portables, etc.) qui est le véritable frein.
Accessibilité du Site Internet de Saint-Joseph
Catherine Guidet - Expert Accessiweb
C. Guidet s’est pliée à l’exercice difficile de la présentation de la liste Accessiweb devant un public très mixte. De mon point de vue, la présentation a été limpide, avec des exemples simples et bien illustrés avec les problèmes décelés (et corrigés) sur le site de la ville de Saint-Joseph. Après une discussion avec l’intéressée, nous sommes tombés d’accord que l’exercice aurait été plus simple devant un public homogène mais qu’il est de toute façon important de donner un aperçu concret de ce qu’est un audit en accessibilité puisque c’était le fil rouge du jour (la mise en accessibilité du site Internet de la ville).
Même si cela n’a pas été dit en ces termes, je pense que le message est passé : l’accessibilité n’est pas quelque chose de rigide, il y a matière à interprétation selon le contexte. Quand il doit y avoir un arbitrage, seul l’expert peut trancher en disposant de tous les éléments et c’est pourquoi le processus ne peut être automatisé en son intégralité.
J’ajouterai - Hop ! J’enfile ma casquette Opquast - que l’automatisation peut cependant être d’une très grande aide en préparant le terrain pour l’expert sur certains points techniques (Et c’est ce que nous faisons avec Mon-Opquast).
Dominique LEPERLIER - Directeur Informatique Ville de Saint-Joseph
M. Leperlier nous a fait un retour d’expérience sur cette démarche de mise en accessibilité du site internet. Il y a encore quelques mois, il nous avoue que lui et son équipe ne se souciaient aucunement de l’accessibilité, seul l’aspect graphique primait.
La décision de rendre accessible le site Internet est intervenue après une rencontre avec Pierre Reynaud (Expert Accessiweb, aveugle, et expert dans l’utilisation des techniques et technologies permettant aux aveugles d’utiliser les outils modernes de communication).
!Corinne GAZAR, Directrice du CCAS et Dominique LEPERLER, Directeur du service informatiqueCe qui est assez remarquable dans cette prise de conscience, c’est qu’elle n’a visiblement eu aucun mal à franchir les paliers jusqu’à la hiérarchie aussi bien du côté de la Direction Générale de la mairie de Saint-Joseph que du Conseil d’Administration du CCAS de la ville, qui ont laissé le champ libre à Corinne GAZAR et Dominique LEPERLIER pour réaliser ces démarches. Il serait intéressant d’interviewer les porteurs du projet sur l’argumentaire utilisé, il pourrait resservir à bien d’autres administrations et collectivités.
La ville de Saint-Joseph en collaboration avec le CCAS et d’autres partenaires ont la volonté de pousser plus loin cette démarche, en commençant d’abord par le projet de bibliothèque numérique et la mise en place d’un véritable plan d’action pour l’accessibilité dans la ville avec une large place laissée à l’accessibilité numérique.
Pause déjeuner
La pause déjeuner a été l’occasion pour moi de rencontrer Catherine GUIDET et Pierre REYNAUD. Ils ont été surpris de savoir que Temesis avait un pied à la Réunion et nous devrions nous rencontrer à nouveau prochainement pour éventuellement mettre sur pied des opérations de communication sur l’accessibilité et la qualité des site web. Mais là, je m’avance beaucoup, tout reste à faire.
J’ai également eu l’occasion de renouer avec le service informatique de la ville dont son directeur Dominique LEPERLIER (qui fut mon directeur de stage en 2003).
Les visio-conférences de l’après-midi :
Concernant les échanges en visio-conférence de l’après-midi, je serai moins bavard, car cela concerne moins Temesis, mais cela a été enrichissant :
- Monique MAI (Orange - France Telecom) : L’intégration de la démarche au sein du groupe Orange. La volonté de concilier 2 approches : responsabilité sociale et obligation de résultats (performance/efficacité)
- Jacques SANGLA - Chef de projet - Websourd - La visio interprétation : Présentation des techniques développées par Websourd pour mettre en relation via des outils numériques des personnes sourdes et/ou muettes en passant par des interprètes traduisant la voix en signes ou vice-versa selon le handicap des correspondants.
- Catherine Desbuquois - Direction du livre et de la lecture du Ministère de la Culture - Chargée de mission auprès de Braillenet : Présentation du livre numérique, de ses avantages et inconvénients.Présentation des objectifs du projet Hélène.
Clotûre
Dominique Germain - Élu chargé du Handicap
Il félicite les efforts engagés pour l’accessibilité numérique mais se place tout de suite dans une démarche sur le long terme, les prochains projets ? Il sont nombreux :
- Le prochain site du PLU sera créé dans une démarche d’accessibilité
- La bibliothèque numérique
- La retranscription des actes.
La volonté de faire participer tout le monde à cet effort, et notamment les premiers concernés : la population.
Synthèse de la journée
- Une journée fort enrichissante, les acteurs locaux se livrent sans problème à ce genre d’exercice.
- Je regrette un peu le timing trés serré de Catherine Desbuquois qui abordait un sujet très intéressant et qui n’a eu que 20 minutes de temps de parole suite au retard de démarrage l’après-midi.
- Ils en parlent :
- Les médias locaux : le JIR et Le Quotidien
- Un compte-rendu de DM Conseil
- Zinfos974.com
Enfin, je tiens à remercier l’association DEAFRUN (Association créée par et pour les sourds de la Réunion) qui a signé en direct (ce n’était pas prévu) pendant toute la journée pour les nombreux sourds présents lors de cette journée et qui a fait l’interprète quand ceux-ci souhaitaient poser des questions. !Au premier plan, des membres de l’association DEAFRUN