Le , par Élie Sloïm - Accessibilité
Avertissement : cet article a été publié en 2007. Son contenu n'est peut-être plus d'actualité.
!carte de Bretagne-températures à Rennes Je suis un fidèle auditeur de France Inter et de France Info. En général, je n’ai aucun problème pour comprendre les programmes. Mais après toutes ces années de fidélité, j’ai quand même une petite difficulté. J’ai toujours un mal fou à suivre et à comprendre les bulletins météo de Joël Collado. Je me suis longtemps demandé pourquoi je n’arrivais pas en les écoutant à comprendre le temps qu’il ferait, et pourquoi mon esprit se mettait systématiquement à divaguer à leur écoute. Je pense que les torts sont partagés. De mon côté, je n’arrive pas à comprendre les contenus non structurés. De son côté, il ne sait pas structurer ses contenus. Match nul, et tentative d’explication ;-)
Tout d’abord, je fais partie des auditeurs qui ont beaucoup de mal à appréhender des données non structurées. Lorsque je n’ai pas de représentation visuelle à ma disposition, comme c’est le cas à la télévision ou sur Internet, j’ai besoin de repères.
- J’ai besoin d’une structure. Pour moi, le temps qu’il fera sur la France, lorsque ce n’est pas le même temps partout, c’est forcément quelque chose qui a besoin d’être subdivisé en sections. Le nord, le sud, la partie est, la partie ouest, la Bretagne, la Corse. D’autres subdivisions sont possibles, par régions administratives, par départements ;
- Pour comprendre une structure de contenu j’ai besoin que les subdivisions soient à peu près équivalentes ;
- Pour m’en sortir correctement, j’ai besoin que toutes les subdivisions soient présentes ;
- Lorsque le contenu en question est diffusé fréquemment, j’aime que les modes de structuration soient toujours du même type, du même ordre ;
- Lorsque l’on me présente un contenu structuré, j’aime que l’on me donne les titres et les sous-titres avant les textes ;
- J’aime également que des pauses soient faites lorsque l’on change de partie dans la structure.
Ces règles, j’apprécie particulièrement qu’elles soient respectées lors de la publication sur Internet. C’est important pour moi, mais c’est surtout important pour ceux qui écoutent les pages. Les utilisateurs de lecteurs d’écran, par exemple, qui utilisent Internet comme une radio. Vous me voyez venir, sans doute.
Lorsque j’écoute les bulletins non structurés, composés de phrases complexes et longues, de liaisons entre des régions, des zones, des états météorologiques et des températures, des alertes, des phénomènes locaux, régionaux, et nationaux, je me perds. Je décroche. Je ne comprends pas.
Un exemple, au hasard, une phase piquée dans le bulletin de ce matin (13 avril 2007) :
*La situation est bien agitée ailleurs avec parfois beaucoup de pluie sous un ciel bien gris du Languedoc-Roussillon à la côte varoise et aux Cévennes, notamment dans la nuit; du Var, du Massif central et du sud-ouest à la Bretagne et au Cotentin, sous un ciel chaotique, ce sont plutôt des pluies discontinues mais soutenues par endroits qui l'après-midi, se mêlent parfois de coups de tonnerre; enfin, sur le reste du pays, soit de la baie de Seine aux Alpes et à la Corse, quelques ondées sont possibles sous un ciel changeant mais plus lumineux.*
Pourtant, il y a TOUJOURS une structure. Il y aurait certainement une façon de marquer cette structure. De faire des pauses. D’annoncer des titres, des sous-titres, des contenus. C’est d’ailleurs ce qu’apprécient particulièrement les auditeurs fidèles de la météo marine, qui donne le même contenu structuré depuis des années, qui n’intéresse qu’un très petit nombre d’auditeurs, mais qui arrive à accrocher des personnes qui n’ont strictement rien à braire du temps qu’il fera sur Ouessant ou Nord Gascogne.
Oh certes, d’un point de vue de l’élégance du Français et des tournures de style, on y perdrait certainement. il serait peut-être, je dis bien peut-être plus difficile de faire des bulletins aussi courts. La moitié de la France qui arrive à se concentrer suffisamment, suit jusqu’à la fin et comprend les bulletins actuels de mon ami Joël regretterait certainement que ce ne soit plus un clone de Victor Hugo qui soit chargé de présenter la Météo ;-), mais l’autre moitié comprendrait, et ça tombe bien, je fais partie de cette deuxième moitié.
Bon, je n’ai aucune illusion sur le fait que Joël Collado ajoute des titres et des sous-titres à sa météo, mais je voudrais qu’il sache que même s’il se mettait à mieux structurer, nous n’aurions à aucun moment l’impression qu’il ne sait pas écrire le Français. Bien au contraire, nous l’écouterions mieux, et plus attentivement. Certes, en tant qu’ingénieur, je le soupçonne de vouloir passer toute sa vie à tenter de prouver que ce n’est pas parce qu’il est un scientifique qu’il n’a pas de talent littéraire - je suis dans le même cas -, mais moi, je me m’en fiche qu’il cause bien dans le poste, je veux savoir et comprendre le temps qu’il fait.
Je voudrais aussi que tous ceux qui sont dans le même cas que moi comprennent que ce billet n’est qu’une transposition de la problématique de l’accessibilité numérique et de l"écriture Web. Structurez vos contenus, isolez et synthétisez l’information, dites l’essentiel.
Tiens, à propos ce billet, est-il suffisamment structuré? Bof. Tant pis. Si Joël Collado me lit, ce sera ma vengeance ;-)