Calendrier de l’avent de l’accessibilité numérique 2024 : La représentation du handicap dans la pop culture (partie 3 sur 3)

Le , par Marie Le Borgne - Accessibilité

Temps de lecture estimé : 13 minutes.

Dernier partie de notre calendrier de l’Avent dédié à l’accessibilité et aux personnes handicapées.

Pour rappel il s’agit de mettre en avant un handicap, relié à une référence pop culture (film ou série), accompagné de conseils pratiques pour rendre l’expérience numérique plus inclusive.

Afin d’être plus digeste, cet article été découpé en 3 parties :

Sommaire :

Jour 17 : Les troubles du spectre autistique (TSA)

Un des personnages principaux de la série « Atypical » est Sam Gardner. Adolescent autiste, Sam est passionné par les Manchots et la série aborde sa perception du quotidien. La série n’en fait pas trop sur les traits autistique de Sam, sans pour autant les effacer ou tomber dans des clichés. De plus la série est drôle sans pour autant se moquer du handicap, un vrai plaisir.

En autre référence récente il y a également la série « Good Doctor » avec le personnage de Shaun Murphy qui est autiste à haut niveau de fonctionnement.

Impact de l’autisme sur l’expérience numérique

Il est difficile de faire des généralités, car on parle de troubles du spectre autistique. Il y a différents autisme et donc différents besoins. À la place je vous partage le retour de Pierre Thuillier, expert accessibilité numérique chez Numerik-ea interviewé par Content Square Foundation : Accessibilité numérique et autisme

Transcription textuelle de la vidéo

Améliorer l’accessibilité pour une personne avec un TSA

Pierre nous indique dans sa vidéo les conseils suivants :

  • Éviter l’apparition de popins non sollicités, ou permettre leur blocage.
  • La mise en pause des animations (de nouveau) notamment pour du contenu publicitaire ?
  • Indiquer des renseignements explicites et clairs pour naviguer sans gênes.

Jour 18 : La dépression

La série musicale « Crazy Ex-Girlfriend » présente Rebecca Bunch, une avocate à succès qui, en croisant un amour de colonie de vacances, décide de tout quitter pour déménager dans la même ville que lui. La série suit son parcours et de saison en saison devient de plus en plus réelle vis à vis des troubles psy existant au quotidien et les réactions de son entourage. Notamment vis à vis de la dépression de Rebecca, qui est présente dès le premier épisode et montre qu’une dépression n’est pas forcément une personne triste.

La dépression reste souvent connue via des représentations stéréotypées, saviez-vous que c’est reconnu comme troubles psy et comme handicap ?

Impact de la dépression sur l’expérience numérique

Les dépressions peuvent causer de la fatigue mentale, une difficulté à se concentrer, des difficultés à surmonter des incompréhensions dans un parcours : l’abandon sera plus rapide face à un contenu trop complexe à remplir ou comprendre.

Améliorer l’accessibilité pour une personne en dépression

  • Adopter un design épuré.
  • Mettre en place des messages de confirmation suite à une action (réussite ou échec de l’action).
  • Prévoir des aides à la saisie pour les formulaire demandant un format spécifique : pour un champ « e-mail » par exemple, ajouter un exemple de format (exemple : nom@mail.com).

Jour 19 : Maladie des os de verre (maladie invalidante)

Une petite référence française ! Le film « Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain » avec son voisin Raymond Dufayel atteint de la maladie des os de verre. Dans le film, on apprend que la maladie de Raymond l’empêche d’aller dans le monde extérieur, de risque que ces os se brisent au moindre choc.

Impact de la maladie des os de verres sur l’expérience numérique

La maladie des os de verre empêche un quelconque « choc » pour le corps. Utiliser les touches d’un clavier peut être un choc suffisant pour ces personnes. Elles vont donc utiliser des technologies d’assistances afin de limiter le risque de chocs. Tout comme l’exemple de la tétraplégie, un contrôle vocal ou oculaire permettra de contrôler l’ordinateur via la voix ou le regard.

Améliorer l’accessibilité pour une personne ayant une maladie des os de verres

  • Les éléments interactifs doivent être utilisable par suivi oculaire (assurer que les boutons et liens soient bien développés avec les balises adaptées)
  • Associer dans le code les étiquettes avec leur champs (utilisation des attributs for et id)
  • Tout comme pour les tremblements la semaine dernière, ajouter une alternative geste simple aux éléments contenant un geste complexe. Par exemple sur un carrousel où il est nécessaire de balayer l’écran, il est nécessaire d’ajouter des flèches « suivant » et « précédent » afin de pouvoir utiliser la fonctionnalité avec un suivi oculaire ou contrôle vocal

Jour 20 : La surdité (légère à profonde)

Dans la première saison de « Only murders in the building », un voisin présent dans l’immeuble est Théo Dimas, sourd profond et utilisant la langue des signes américaine (ASL) pour communiquer, en s’appuyant sur la lecture labiale pour les personnes ne connaissant pas l’ASL. Sa surdité n’est pas un sujet, c’est simplement un voisin qui aide les personnages principaux.

Il y a pas mal d’autres références pour la surdité, avec les différentes langues des signes notamment, j’ai ici préféré prendre une référence où l’acteur est lui-même sourd, et ne joue donc pas un rôle. Peu de références sont liées à la malentendance, ou alors sous la forme humoristique dont le handicap est moqué.

Impact de la surdité sur l’expérience numérique

Les informations transmises par l’audio uniquement, ne seront pas disponibles pour les personnes sourdes. Cela concerne principalement les vidéos, les podcasts et tout autres notifications uniquement sonores.

Améliorer l’accessibilité pour une personne sourde

  • Ajouter des sous-titres aux vidéos, non incrustés pour permettre leur mise en forme. S’il s’agit d’un dialogue, ajouter le nom des personnes qui parlent avant leur discours : [Marie] blablabla.
  • Permettre l’accès à une transcription textuelle pour les podcasts : un texte reprenant les infos du podcast en incluant également le nom de personnes qui parle, ainsi que les informations portées par un changement de tonalité ou les bruits (rire, hésitation, pleurs,…) qui amènent de l’information (pas besoin d’indiquer le reniflement d’une personne enrhumée).
  • Si des notifications sont uniquement sonores, ajouter également un élément visuel ou textuel.

Malgré la présence de vidéos sur les réseaux sociaux, rendant plus ordinaire l’ajout de sous titre, il y a encore de gros oublis :

  • Certaines vidéos de réseaux sociaux ne mettent des sous titres que sur le début de la vidéo (pour pousser à lire la vidéo avec le son).
  • Dans des films ou séries en anglais, les sous titres français ne s’affichent pas si un personnage est français et parle français.
  • Rares sont les podcasts proposant une transcription pertinente (avec nom des personnes parlant). Pour rappel, les sous titres automatiques ne sont pas la meilleure solution (le découpage des mots est aléatoire et rend la lecture difficile), si c’est la seule option disponible, il faut prendre le temps de relire les sous titres automatiques et corriger les coquilles, pour qu’ils soient, un minimum pertinents.

Jour 21 : L’amputation d’un membre supérieur

Une personne amputé d’une main est évidemment le Capitaine crochet dans « Peter Pan », ou Killian Jones dans la série « Once upon a time ». Son nom vient du crochet utilisé comme prothèse pour remplacer sa main. Dans la série Once upon a time, le personnage vit dans le monde réel, et a une prothèse en forme de main ou le crochet, suivant le monde dans lequel il se trouve. Lorsqu’il se fait couper la main, il doit réapprendre à utiliser une épée et d’autres outils du quotidien avec son autre main.

Impact d’un amputation d’un membre supérieur sur l’expérience numérique

Une personne avec une amputation doit s’adapter à l’usage d’une seule main pour l’utilisation du clavier, de la souris, ou d’un outil adapté en remplacement. Toutes fonctionnalités nécessitant les deux mains ne sera pas possible.

Améliorer l’accessibilité pour une personne amputée d’un membre supérieur

  • Avoir des zones cliquables suffisamment grandes comme le geste du pointeur pouvant ne pas être précis.
  • Les éléments interactifs doivent être compatibles avec les différentes technologies d’assistance.
  • Ne pas proposer des raccourcis clavier demandant l’utilisation de deux mains (comme le raccourci clavier : Ctrl + Alt + Suppr par exemple).

Jour 22 : La sclérose en plaques (SEP)

Le président Jed Bartlet dans la série « The West Wing ». C’est un personnage récurrent de la série et avec un rôle important. Sa SEP est parfois mise en avant lors des poussées (nom donné pour les crises ponctuelles qui arrivent et font avancer la maladie). À part ces quelques moments, le personnage est présenté comme une personne vivant sa vie normalement.

Vous ne connaissez pas la série ? Moi non plus ! La recherche d’une représentation non fatale et non dramatique de la SEP a été très difficile. Oui la SEP est une maladie neurologique dont on ne guérit pas, cependant elle existe sous différente forme et évolue au cours de la vie. Tout n’est pas tout rose pour toutes les personnes avec la SEP, mais la représenter comme une fatalité avec aucune possibilité derrière n’aide personne.

Impact de la SEP sur l’expérience numérique

Il existe autant de SEP que de personnes, chaque expérience est personnelle. La SEP se caractérise par ses fameuses poussées qui vont impacter les nerfs de la personne, cela passe par les nerfs optiques, souvent les premiers touchés, l’oreille interne, et la motricité (membres inférieurs et supérieurs). Les nerfs se détériorent petit à petit via les poussées, ce handicap est donc dit invisible au départ avant de devenir visible.

Améliorer l’accessibilité pour une personne ayant la SEP

  • Prévoir des zones cliquables (boutons, liens, onglets, etc.) suffisamment grandes. Une zone cliquable correspond à l’espace qui active un élément interactif lors d’un clic. Par exemple, les petites croix de fermeture sont difficiles à activer lorsque la zone est trop réduite.
  • Permettre de zoomer la page sans perte de contenu. En zoomant, la vue mobile est souvent affichée, la version mobile doit donc contenir exactement les mêmes informations et fonctionnalités que la vue desktop.
  • Permettre la navigation clavier : tout doit être utilisable à l’aide du clavier seul, le focus du clavier doit être visible et l’ordre de lecture via le clavier doit être logique.

Cette maladie touchant plusieurs sens et évoluant différemment pour chaque personne, la liste des recommandations auraient pu s’étendre facilement, je la limite à trois comme pour chaque publication.

Jour 23 : La cécité

Marie-Laure LeBlanc dans la série « Toute la lumière » que nous ne pouvons voir. Cette mini série prend place pendant la seconde guerre mondiale où Marie-Laure, aveugle, fait partie de la résistance. Bonus sur cette référence, car l’actrice jouant le rôle de Marie-Laure est, elle aussi, déficiente visuelle.

Impact de la cécité sur l’expérience numérique

L’impact me semble assez évident, le numérique étant principalement visuel. Les personnes utilisent alors un lecteur d’écran permettant de restituer le contenu visuel via une synthèse vocale (l’ordinateur vous parle) ou une plage braille (le contenu est retranscrit en braille). Si l’accessibilité n’est pas prise en compte, le lecteur d’écran ne pourra pas donner les bonnes informations.

Améliorer l’accessibilité pour une personne aveugle

  • Ajouter des textes alternatifs aux images informatives
  • Structurer les pages et documents par une structure de titre logique et pertinente en termes de titre et niveau de titre.
  • Lors de la création de vidéo, assurer que les informations visuelles soient également audio (par exemple du texte à l’écran).

Ces conseils sont ceux pouvant être appliqués par tout le monde quel que soit votre métier. Il y a cependant beaucoup d’autres conseils à lister dans le développement web, car c’est le code que le lecteur d’écran va lire. Un bout d’article de blog ne sera bien évidemment pas suffisant pour vous indiquer ce qu’il y a à faire concrètement à part s’assurer que toutes les informations visuelles soient restituées par le lecteur d’écran. Sans exemples concrets, ça ne veut pas dire grand chose, je ne peux, à ce moment-là, que vous conseiller de vous former sur le sujet, afin que cela soit inclus, par défaut, dans votre développement et vos maquettes graphiques. N’hésitez pas à voir les formations proposées par Temesis.

Jour 24 : Vous

[Votre prénom] est le personnage principal du film qui est sa vie. Comme vous, chaque personne est actrice de l’accessibilité numérique et contribue à rendre le web accessible. Avec un handicap ou non, ayant une personne handicapée dans son entourage ou non, dans votre quotidien, vous créez du contenu accessible et sensibilisez votre entourage. Vos actions améliorent le numérique petit à petit jusqu’à ce que l’accessibilité soit une évidence à mettre en place par défaut (oui je vous gâche la fin du film).

Impact de votre investissement sur l’expérience numérique

Le numérique est plus accessible, les personnes nécessitant de l’accessibilité ont le choix de travailler dans n’importe quelle structure, de choisir n’importe quel service (banque, assurance,…) ou encore d’écrire des âneries ou des choses intéressantes sur n’importe quel réseau social. Elles ont également de l’autonomie et peuvent, sans l’aide de leur proches ou voisinage, utiliser le numérique, que ce soit pour consulter leurs impôts, vérifier si leur commande de Noël arrive à temps, faire un virement ou remplir un quiz « Quelle Spice Girl êtes vous ? » (N’allez pas me faire croire que vous utilisez internet que pour des trucs sérieux).

Améliorer l’accessibilité dans votre quotidien

Évidemment, le film de votre vie n’est pas encore fini, et c’est à vous d’aider à orienter notre société vers l’inclusion. Pour cela quelques conseils :

  • Suivre des personnes handicapées sur les réseaux sociaux (ne faites pas ça dans la rue, avec personne, c’est bizarre).
  • S’abonner et consulter les blogs et articles sur l’accessibilité pour être au courant des nouveautés liées à l’évolution du numérique et des technologies d’assistances.
  • Se former à l’accessibilité numérique, il existe plusieurs organismes de formation, dont Temesis, proposant des formations de 0,5 à 5 jours suivant votre profil (en moyenne). Les sociétés ont une obligation légale de former leurs salariés, autant choisir une formation sur ce sujet !

N’oublions pas que l’accessibilité est un droit universel, sa mise en place ne concerne pas (que) les personnes qui en ont besoin. Sa mise en place concerne tout le monde. Sur cette fin de calendrier, je vous souhaite une belle nouvelle année 2025 et j’espère que ce calendrier vous aura donné des idées de bonnes résolutions (en plus celles-là elles sont faciles à tenir !)