Le , par Julien Wilhelm - Écoconception
L’insoutenable usage de la vidéo en ligne
En 2019 déjà, l’association The Shift Project, qui “œuvre en faveur d’une économie libérée de la contrainte carbone”, nous alertait quant à notre insoutenable usage de la vidéo en ligne. Cette étude estimait alors que 80% des flux de données mondiaux sur Internet relevaient de la vidéo, à grand renfort de streaming (légal ou non), de pornographie ou encore de tubes, ces contenus faits-maison pas toujours utiles à la survie de notre espèce. Depuis, la pandémie du Coronavirus est passée par là. Notre transition digitale s’est accélérée à marche forcée, avec ce sentiment qu’il fallait à tout prix monter dans le train de l’audiovisuel pour réussir en ligne, au détriment parfois du bon sens. La captation d’images live avec rediffusion systématique à la demande est devenue une sorte de norme qui ne dit pas son nom (“Y aura-t-il un replay ? Merci !”). En parallèle des visioconférences professionnelles à rallonge, notre soif de divertissements à moindre coût physique, psychologique et financier s’est intensifiée. Nous avons éteint nos téléviseurs, mais d’autres écrans ont pris le relai.
Exception faite des plateformes de streaming, dont c’est la base du métier, il semble que l’on ne mette plus de vidéo en ligne parce que le format s’y prête, mais parce que c’est tendance. Or il arrive (plus souvent qu’on le croit) que la vidéo n’apporte rien ; de l’audio, une image ou même du texte fait aussi bien sinon mieux, avec une contrepartie énergétique moindre.
À titre d’exemple, au cours d’un récent audit RGESN de service numérique, j’ai isolé une vidéo de trente secondes pouvant être restituée en quatre lignes de façon incontestablement plus efficace (jugement ayant fait consensus). Visionnée dans une résolution par défaut de 480p, cette vidéo pesait 1.5 Mo auquel s’ajoutait un trafic réseau coûteux ; à satisfaction utilisateur supérieure, sa transcription textuelle était 3000 fois plus légère, rien que ça. Le meilleur ? Celle-ci existait déjà, insérée dans la page sous le média à des fins obligatoires d’accessibilité.
Dans un contexte de dérèglement climatique anthropique, utiliser le bon canal pour communiquer entre nous est important. Surtout au regard du nombre d’utilisateurs et de créations sur le Web.
Mais venons-en au sujet principal de cet article, qui n’a pas même été nommé.
Youtube, seul sur son trône
Tout le monde connait la modeste plateforme de tubes appartenant à Google, où chacun est invité à créer sa propre chaîne vidéo sans frais. Il serait périlleux de dire ce qui est bien et ce qui ne l’est pas quant à l’usage qui est fait de ce mastodonte.
Du peu que j’en sais :
- Des métiers qui exploitent au quotidien le format vidéo à leur avantage ont explosé sur YouTube (coachs, influenceurs, etc.) et la visibilité des marques y est de plus en plus forte (ou dépendante, question de point de vue).
- Des podcasts y naissent et y meurent tous les jours. Certains d’entre eux ont débuté par l’audio avant de s’y répliquer, malheureusement sans interroger leur formule initiale (c’est tendance, rappelons-le). On y regarde donc quelque chose qui avant tout se laisse écouter.
- De la même manière, on peut “écouter de la musique” sur YouTube. Il suffit en effet de changer d’onglet pour poursuivre sa navigation ou de poser son téléphone sur la table tandis que la vidéo est lue, l’écran tourné vers les dieux.
- (il y a trop de publicités à mon goût)
Restons sérieux, dans l’intérêt de cette étude.
Avez-vous une idée de ce qu’il se passe :
- Quand vous intégrez une vidéo YouTube sur votre site web ?
- Quand vous arrivez sur l’application en ligne et que vous vous mettez en quête d’une vidéo à lancer ?
- Quand vous regardez une vidéo entière, entièrement ou jusqu’à la moitié, avant d’en lancer une autre, puis une autre ?
- Et puis : qu’est-ce qui vous est vraiment bénéfique à votre parcours utilisateur ? Qu’est-ce qui est de l’ordre du superflu ?
Je n’ai pas toutes les réponses à ce stade. En toute franchise, je me frotte peu à YouTube, car je n’y trouve pas mon compte en tant qu’utilisateur du Numérique. Pourtant, avec 2,2 milliards d’utilisateurs dans le monde, j’ai hâte d’ouvrir la boîte de Pandore en tant qu’analyste de performance web environnementale !
Vous m’accompagnez ?
Au sommaire de cette étude
- YouTube est-il le roi de l’écoconception numérique ? (cet article)
- Intégration vidéo : pourquoi réfléchir avant d’utiliser un player YouTube sur son site web
- Youtube.com : un modèle de performance web environnementale ?
Note : YouTube est une entreprise qui peut être amenée à se renouveler à tout moment de par sa taille et son activité. Aussi, les chiffres fournis à date d’analyses (02 et 03 août 2022 pour la partie 1) peuvent avoir évolué au moment de votre lecture. Considérez ces derniers comme des ordres de grandeur, non comme des valeurs absolues.