Introduction à l'Universal Design

Le , par Biljana Michel - Accessibilité

Vous êtes-vous déjà demandé ou imaginé à quoi ressemblerait le véritable monde inclusif (un monde pour tous) ? Je l’imagine inclusif sans même l’être. Le mot inclusif n’existerait plus. Il serait sans « être ».

Utopie ? Ou bien existe-t-il une solution ? 

Dans cet article, je vous présente le concept d’Universal Design que je vois comme une étape vers un véritable monde inclusif.

Universal Design en français pourrait être traduit par conception universelle.

Comprendre la conception universelle

En 1997, un groupe d’architectes dirigé par Ronald Mace de l’Université d’État de Caroline du Nord a remis en question les approches de conception des environnements, bâtiments, équipements et tous types de produits. C’est ainsi qu’est née l’idée de l’Universal Design.

Même si au départ, le concept concernait uniquement le monde physique, l’idée s’est très vite répandue dans le monde numérique et au-delà (exemple : conception universelle de l’apprentissage). La Norvège a, par exemple, rendu obligatoire la conception universelle pour les technologies de l’information et de la communication.

La conception universelle vise à développer des produits, des équipements, des programmes et des services qui puissent être utilisés par toute personne, sans nécessiter ni d’adaptation ni de conception spéciale, et ce quels que soient son sexe, son âge, sa situation ou son handicap.

Ce n’est pas une question de respect des directives légales ou de critères comme on peut les trouver dans le RGAA ou le WCAG. Cela va au-delà des exigences minimales de la loi.

La conception universelle est censée être invisible, proposant un design unique pouvant accueillir des personnes de toutes capacités.

Les sept principes de la conception universelle

Le groupe de travail a publié une série de sept principes permettant de guider les concepteurs vers la conception universelle :

  1. Utilisation équitable
  2. Flexibilité d’utilisation
  3. Utilisation simple et intuitive
  4. Information perceptible
  5. Tolérance pour l’erreur
  6. Effort physique minimal
  7. Dimensions et espace libre pour l’approche et l’utilisation

Dans cet article, je ne donnerai qu’un seul exemple pour le monde physique et un autre pour le monde numérique. Je vous invite à regarder autour de vous et à découvrir d’autres exemples

Utilisation équitable

L’utilisation équitable signifie que le design est utile et commercialisable pour les personnes de toutes capacités. 

Exemple dans le monde physique : Porte automatique dans le supermarché.

Exemple dans le monde numérique : Utiliser du texte à contraste élevé.

Flexibilité d’utilisation

Pour qu’un design suive ce principe, elle doit s’adapter à un large éventail de préférences et de capacités individuelles.

Exemple dans le monde physique : Bureau réglable en position assise-debout.

Exemple dans le monde numérique : Site contrôlable par le clavier et par tout dispositif de pointage.

Utilisation simple et intuitive

Le design répond à ce principe lorsque son utilisation est facile à comprendre, quelles que soient l’expérience, les connaissances, les compétences linguistiques ou le niveau de concentration actuel de l’utilisateur.

Exemple dans le monde physique : Instructions de montage Ikea.

Exemple dans le monde numérique : Bouton avec un nom explicite et une icône comme aide visuelle.

Information perceptible

Cela signifie que le design communique efficacement les informations nécessaires à l’utilisateur, peu importe les conditions ambiantes ou les capacités sensorielles de l’utilisateur.

En d’autres termes : 

  • Puis-je l’entendre ? 
  • Puis-je le voir ? 
  • Puis-je le toucher ? 
  • Puis-je le sentir ?

Exemple dans le monde physique : Feu de circulation équipé d’avertisseurs sonores et dispositif tactile à cône rotatif.

Exemple dans le monde digital : Texte alternatif pour les images.

Tolérance pour l’erreur

Pour qu’un design réponde à ce principe, il doit minimiser les dangers et les conséquences néfastes d’actions accidentelles ou involontaires.

Exemple dans le monde physique : Fer à repasser qui s’éteint s’il n’est pas utilisé pendant un moment.

Exemple dans le monde digital : Identification des erreurs sur les formulaires.

Effort physique minimal

Un design répond à ce principe lorsque le produit peut être utilisé de manière efficace, confortable et avec un minimum de fatigue.

Exemple dans le monde physique : Les lumières qui s’allument quand une personne entre dans la pièce.

Exemple dans le monde digital : La reconnaissance vocale qui transforme la voix en texte.

Dimensions et espace libre pour l’approche et l’utilisation

Ce principe signifie que le design doit être de taille appropriée et espacée pour l’approche, la portée, la manipulation, et à utiliser quelle que soit la taille du corps de l’utilisateur, posture ou mobilité.

Exemple dans le monde physique : Grands portillons automatiques dans les gares ou le métro

Exemple dans le monde numérique : Éléments interactifs de grande taille

Lignes directrices

Chaque principe énuméré comporte plusieurs lignes directrices.

Même s’il existe plusieurs principes accompagnés de plusieurs lignes directrices, il est important de ne pas se concentrer sur un seul pour une seule conception.

Les concepteurs doivent toujours s’efforcer d’appliquer tous les principes ainsi que leurs lignes directrices.

Conclusion

La conception universelle vise donc à concevoir un monde où les rampes d’accès pour les personnes à mobilité réduite seraient superflues. Elle prévoirait un chemin unique et utilisable par tous sans limitation. Et ceci serait étendu à tous les aspects de nos vies, à la maison, dehors, ou sur internet. Finalement, elle rendrait la notion même d’accessibilité caduque puisque systématique.

Dmitri Belser, dans 2. Principles of Universal Design parle de l’Ed Roberts Campus, conçu d’après les principes de l’Universal Design :

J’ai souvent entendu les gens dire dans ce bâtiment : « Je ne me sens pas comme avec un handicap quand je suis ici, parce qu’on ne me rappelle pas constamment « tu ne peux pas faire ça, tu ne peux pas faire ça, tu ne peux pas faire ça »… Dans ce bâtiment, tu peux le faire. Vous savez, les gens peuvent utiliser ce bâtiment ».

Je crois fermement que la conception universelle pourrait être la norme si nous acceptons de remettre en question nos biais et de penser à tous dès la naissance de la première idée d’un projet. L’accessibilité doit faire partie, « invisiblement », de chaque étape de notre projet. 

Ressources :