Le , par Christophe Clouzeau, Sébastien Rufer - Écoconception
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Nous étions présents à la deuxième journée de l’écoconception numérique, la JEN2025, organisée par les Designers Éthiques, qui s’est tenue le 06 février 2025 à Paris. Nous n’étions pas du côté des conférenciers ou animateurs d’atelier cette année. Bilan de notre posture de visiteurs.
Ce que l’on peut témoigner et ressentir
Avant tout, nous pouvons déjà remercier toutes les personnes qui ont contribué à cette belle session !
Globalement, la communauté des personnes engagées sur ce sujet de l’écoconception numérique, plus largement de l’éthique, de la souveraineté, de la sobriété et de l’inclusion, répond bien présente avec plus de 500 places qui ont été vendues pour cette édition. La thématique réunit certes des personnalités qui commencent à être incontournables mais aussi de nouvelles personnes actives et concernées. On peut déjà souligner que, comme son grand frère Paris-Web, l’évènement est accessible aux personnes à mobilité réduite (PMR) et comporte une retranscription réalisée en direct par des humains (pas une IA).
Ce qui est flagrant c’est que le sujet « RGESN » est sur toutes les lèvres. Durant les conférences, les ateliers, les discussions et les échanges intermédiaires. Cela nous va évidemment à ravir, même si, encore de nombreuses fois, le référentiel est comparé à un « guide » présentant « des bonnes pratiques » dont on se sert comme un « outil ». Force est de rappeler qu’il s’agit bien d’un Référentiel, présentant des critères permettant de mettre en place, de suivre et de valider une démarche d’écoconception numérique. Un référentiel qui apporte des objectifs de moyens, non de résultats.
Naturellement, le sujet « IA » / « Intelligence artificielle » est partout, avec notamment le positionnement de l’association en conférence de clôture qui rappelle la nécessité de s’interroger sur les impacts de ces technologies présentées comme des innovations de rêve au regard de ce qu’elles peuvent réellement apporter.
La question de l’existentiel
La course sans vertu à la donnée, à la puissance de calculs, aux algorithmes de promesses, à la construction de datacenters de taille « hyperscalers », à la construction de réacteurs nucléaires, à la béatitude universelle des puissants envers l’IA n’interrogent absolument pas les citoyens, le vivant, les limites planétaires.
Nous n’oublions donc pas l’approche décalée de la conférence « Éloge funèbre de l’anthropocène » orchestrée par Thomas Thibault revêtu d’une aube d’ecclésiastique numérique, qui a permis de lister, pour dire adieu avec beaucoup d’ironie, parfois des rires jaunes, de nombreux services, produits ou dîtes « innovations » les moins écoconçus de ce secteur. De véritables paradoxes qui illustrent par le rire la nécessité de se poser les questions autour de l’utilité. Utilité, voire Finalité comme l’a très pédagogiquement souligné David Ekchajzer (Hubblo) sur l’évaluation et la mesure avec son approche reposant sur les « contes environnementaux » agrémentés de « récits en chiffres ».
Une journée, c’est trop court
Cette journée offre le temps de refaire le point sur les impacts bien concrets des acteurs du numériques, la pression des Big Tech et leur communication face à leurs enjeux d’expansion et de croissance. Il est nécessaire de souligner en collectif la course effrénée du « toujours plus » avec des IA plus importantes que celle des voisins, l’accaparement des ressources, les tensions géopolitiques, la mise en lumière de territorialité avec les répercussions sur les écosystèmes, l’instabilité sociale et l’exclusion que subissent aujourd’hui de plus en plus de personnes face à la finitude de notre planète. Aucune planète B pour produire des ressources matérielles ou des énergies à l’infini.
Cela permet aussi d’aborder les solutions, les axes de réflexions possibles, les champs d’actions et les retours d’expérience (merci Lorie Péron - FranceTV et Cécile Sambourg - Orange Business), les visions, les approches et les démarches de réduction d’impacts sur des projets concrets.
Bref, nous avons ri, nous avons été embarrassés, nous avons été questionnés, nous avons rêvé, nous avons réfléchi. Même après la détente proposée par la soirée apéritive du Tast’IT cela reste trop court. Alors on en redemande, on avance, on poursuit nos travaux et nos actions en attendant de refaire le point à la prochaine édition.