Le , par Anne Le Gal - Accessibilité Société Temesis
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L’histoire de Marina Lourenço et de l’accessibilité numérique commence presque par hasard, fruit d’une rencontre et d’une prise de conscience. Après une licence d’histoire puis un master en communication, c’est en animant des ateliers de Torball, un handisport apparenté au handball pour personnes déficientes visuelles, qu’elle découvre ce sujet.
« J’ai été surprise par l’aisance avec laquelle mes collègues déficients visuels utilisaient les outils numériques. Ils allaient plus vite que moi pour faire les rapports. Leur seul frein était l’inaccessibilité des interfaces »
Curieuse, Marina cherche à comprendre comment ils utilisent ces outils et contournent les obstacles d’accessibilité.
C’est lors de son mémoire de master, pendant la pandémie de Covid, qu’elle mesure l’impact concret de l’inaccessibilité. En interviewant des personnes déficientes visuelles, elle découvre les obstacles qu’elles rencontrent au quotidien : attestations de sortie en PDF non accessibles, cours à distance sur des supports inadaptés pour les élèves déficients visuels…
Cette prise de conscience la convainc de l’urgence d’agir et la conduit à choisir une alternance au sein de la direction de l’accessibilité de la SNCF pendant son master. Elle y découvre un champ d’expertise qui lui semble avant tout… logique.
« Pour moi, l’accessibilité n’est pas juste une question d’éthique. C’est une évidence, c’est la base : permettre à tous et toutes d’accéder aux outils numériques. Et cette base n’est pas respectée. »
Dès la fin de son master, elle saisit l’opportunité de rejoindre Temesis, qui lui fait confiance malgré son statut de junior. En quelques années, elle passe des audits à la sensibilisation, la formation puis l’accompagnement de projets au long cours. Une évolution rapide et stimulante. Aujourd’hui, c’est avec un enthousiasme communicatif qu’elle embarque ses interlocuteurs dans l’accessibilité, quel que soit leur métier.
« J’adore parler à tout le monde : développeurs, chefs de projet, communicants… L’accessibilité concerne tout le monde, et mon rôle est d’embarquer chacun dans le sujet. »
Elle teste différentes approches, trouve les bons leviers pour faire bouger les lignes.
« Je ne me contente pas d’expliquer, j’aime faire vivre l’accessibilité. Parfois, je mets les gens en situation d’empêchement : une vidéo sans son ni sous-titres, un graphique illisible… cela leur permet de prendre conscience que ces contenus sont problématiques et empêchent l’accès à l’information. »
Loin de l’image parfois austère de l’accessibilité, Marina en fait un sujet vivant et interactif. Même si on est expert, on n’est pas barbant
. Sa méthode ? Désamorcer les résistances par l’humour, les mèmes et les échanges bienveillants.
« L’accessibilité n’est pas un carcan normatif ! On discute, on partage, on rit même. Pouvoir échanger directement avec des personnes en situation de handicap sur leurs difficultés est très enrichissant, professionnellement et humainement ».
Elle apprécie de voir les mentalités évoluer, petit à petit.
« Dans ma mission actuelle, je peux mesurer l’impact concret de mon travail. Il y a quelques mois, on devait encore convaincre de l’importance de l’accessibilité. Aujourd’hui, elle fait partie des réflexes. »
Pour l’avenir, Marina espère que l’accessibilité sera traitée comme un « sujet sérieux », avec de véritables sanctions en cas de non-respect des normes.
« Je vois au quotidien que les équipes commencent à prendre en compte l’accessibilité. Mais comment faire globalement avancer les choses si des sanctions ne sont pas appliquées quand la loi n’est pas respectée ? »