Le , par Élie Sloïm - Qualité Web
Avertissement : cet article a été publié en 2017. Son contenu n'est peut-être plus d'actualité.
Je passe à ma vie à fréquenter des professionnels du Web. Parmi ceux-ci, des experts accessibilité, ergonomie, référencement. Je fréquente également des développeurs, des webdesigners, des producteurs de contenus. Chacun à son niveau a ses propres enjeux, ses propres lubies, sa propre déontologie, sa volonté de reconnaissance professionnelle, son ambition personnelle, ses obligations économiques. Pour finir, chacun a ses outils, ses méthodes, ses habitudes professionnelles. Le projet web est le produit de tous ces paramètres (entre autres). Les conflits, les échecs et les réussites du projet sont souvent le produit de ces chocs de personnes, de cultures et d’outils.
Justement, parlons-en, des outils. Chez Temesis, notoirement depuis le début du projet Open Quality Standards, nous avons choisi de faire des référentiels partagés un outil majeur de communication, de formation, de contrôle et surtout de prévention des risques.
Je souhaite attirer votre attention sur ce dernier aspect, qui est essentiel.
Les référentiels, les checklists, les guides de bonnes pratiques sont avant tout des outils de prévention des risques. Intrinsèquement, ce ne sont pas des outils pour contraindre à la conformité, pour obliger à l’excellence, pour exiger la qualité : il est certes possible de les utiliser de cette façon, mais ce n’est pas la meilleure approche.
Chaque critère d’une checklist Accessibilité, Qualité, Open data ou encore SEO (Search Engine Optimization) doit être analysé de la façon suivante :
- Si le critère n’est pas respecté, alors un risque est avéré.
- Quel est le degré de gravité de ce risque ?
- Quelle est la probabilité qu’il survienne ?
- Est-il acceptable, et si oui, pourquoi ?
- Sinon, ai-je une solution pour gérer ses conséquences ?
Utiliser un ensemble de critères comme des outils de détection et de prévention des risques ne permet pas de dépassionner entièrement les débats. Ceux-ci peuvent même alors se déplacer sur la probabilité et l’acceptabilité de ces risques. Mais derrière cette analyse du risque en continu se cache une pratique professionnelle ouverte à la prise en compte de paramètres extérieurs. Derrière cette approche se cache aussi un refus systématique des approches binaires bon/mauvais, gentil/méchant, accessible/pas accessible, white hat/black hat.
Récemment, plusieurs articles et commentaires ont été publiés sur la thématique SEO et référencement. C’est tout à fait intéressant, mais cela conduit à des débats sur le mode « faut-il privilégier le référencement ou l’accessibilité ? » alors que celui-ci ne peut pas être tranché par un expert SEO ou accessibilité.
Ce débat concerne chaque administrateur de site, dans sa situation, dans son contexte, avec ses moyens et pour chaque critère accessibilité ou SEO. Le boulot d’un professionnel est d’alerter sur les risques et de fournir de quoi prendre des décisions. Ce n’est certainement pas de « défendre » l’accessibilité ou le SEO, ils se débrouillent pas mal tout seuls.
Alors, si vous êtes des professionnels : analysez les risques, priorisez vos actions, pensez aux enjeux et aux risques des autres. Prenez vos décisions froidement à partir des risques, trouvez des compromis, faites des arbitrages. Nos checklists peuvent vous aider à détecter des risques. Ce sont des outils d’analyse de risques avec lesquels vous pouvez vous positionner professionnellement, ou pas.
Un marteau sert essentiellement à planter des clous, mais si vous avez envie de vous en servir pour taper sur des têtes, libre à vous. C’est votre projet web, ce sont vos clients. Et surtout n’accusons pas le marteau.